Abstract:
La présente étude est une enquête épidémiologique basée sur (31) articles sur l’émergence des souches SARM dans différents écosystèmes algériens. Les résultats ont montré que nombre d’études réalisés au nord de l’Algérie est plus élevé par rapport aux autres régions du pays et que la prévalence des SARM est élevée en milieu hospitalier. Pour ce qui est des aliments, des taux relativement élevées des SARM ont été enregistrées notamment dans le lait cru et les produits à base de lait cru. Chez les animaux, les prévalences les plus élevées des SARM sont enregistrées dans les élevages avicoles, mais aussi chez les bovins. En ce qui concerne le déterminant génétique de cette résistance à la méthicilline, le gène mecA a été détecté dans la majorité des études, tandis que les gènes mecB et mecC n’ont jamais été révélés
Description:
Staphylococcus aureus est une bactérie qui a la capacité de coloniser les muqueuses humaines et animales et qui peut provoquer des problèmes sanitaires importants, en raison de son potentiel pathogène. La résistance de certaines souches à plusieurs classes d’antibiotiques notamment aux β-lactamines (plus précisément à la méthicilline) a grandement aggravé la situation, notamment en milieu hospitalier à cause des maladies nosocomiales.
Le présent manuscrit avait pour objectif la collecte et l’analyse d’un ensemble d’articles scientifiques (31), recherchés principalement dans la base de données PubMed et publiés durant la période allant de 2003 à 2021 et portant sur l’émergence des souches SARM dans trois écosystèmes algériens : le milieu hospitalier, les animaux et les produits alimentaires.
D’abord, notre étude a révélé que le nombre d’études réalisés au nord de l’Algérie est plus élevé par rapport aux autres régions du pays. Ceci peut être expliqué principalement par le manque de moyens dans les universités sudistes. La collaboration entre l’université, les laboratoires de recherche, les hôpitaux universitaires et les laboratoires de recherches européens dans les wilayas du nord peut aussi être en cause.
Les travaux publiés sur le milieu hospitalier algérien montrent que nous assistons à une augmentation croissante du taux des SARM isolées dans les hôpitaux. Au cours de ces dernières années, des taux très élevés ont été enregistrés : 60% à l’hôpital de Beni Messous d’Alger, 75% à l’hôpital de Tlemcen et 82% à l’hôpital universitaire d’Annaba. En ce qui concerne le déterminant génétique de cette résistance à la méthicilline, le gène mecA a été détecté dans la majorité des études, tandis que les gènes mecB et mecC n’ont jamais été révélés.
Pour ce qui est des aliments, des prévalences relativement élevées des SARM ont été enregistrées notamment dans le lait cru et les produits à base de lait cru. Ces résultats sont alarmants du moment que ce germe peut agir comme des agents pathogènes opportunistes impliqués dans de graves maladies d'origine alimentaire et autres manifestations cliniques. Dans la société algérienne, la consommation d'aliments non pasteurisés (lait cru et ses dérivés) constitue une ancienne habitude associée avec l'élevage. De ce fait, ces traditions peuvent être à l’origine de ce danger potentiel pour la santé.
En ce qui concernes les études réalisées sur les animaux, les prévalences les plus élevées des SARM sont enregistrées dans les élevages avicoles (des prévalences allant jusqu’à 57%), mais aussi chez les bovins avec des taux de contamination estimé à hauteur de 20%, avec toujours le gène mecA comme déterminant génétique de cette résistance. La présence des SARM dans les animaux de production constitue sans nul doute un risque imminent pour la santé publique, car ces bactéries sont transmissibles à l’homme via le contact direct ou via l’alimentation.
Finalement, et malgré le nombre limité d’études sur les SARM dans les différents écosystèmes algériens par rapport à d’autres pays voisins, il s’avère que nous sommes face à une situation alarmante et que la vigilance contre l'augmentation de la résistance bactérienne aux antibiotiques est essentielle. A cet effet, nous soulignons la nécessité de mettre en place un programme de surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques dans tout le territoire national et d’optimiser l’usage des antibiotiques dans le milieu hospitalier et l’environnement animal.