Abstract:
La steppe algérienne, en particulier la région de la wilaya de Djelfa, est confrontée à une
dégradation progressive et préoccupante de son couvert végétal, compromettant la biodiversité, la
stabilité écologique et la résilience bioclimatique de cet écosystème fragile. Cette dégradation
résulte principalement de la surexploitation des ressources naturelles, du surpâturage intensif, des
effets du changement climatique et de la déforestation, qui se sont accentués au cours des dernières
décennies. Ces facteurs conjugués engendrent des conséquences environnementales et socio-
économiques majeures, affectant directement les moyens de subsistance des populations locales.
Depuis 2005, plusieurs projets publics de conservation des sols et de réhabilitation écologique ont
été déployés dans la wilaya de Djelfa, visant notamment la fixation des dunes, l’aménagement
d’infrastructures hydriques et la plantation pastorale. Toutefois, l’évaluation de leur efficacité reste
limitée par l’absence d’indicateurs robustes et d’une méthodologie rigoureuse. Cette étude propose
une évaluation exhaustive et multidimensionnelle de ces projets, fondée sur les cinq critères
d’évaluation recommandés par l’OCDE : cohérence (I.C), pertinence (I.P), efficacité (I.E),
efficience (I.EF) et impact (I.IM).
L’analyse intègre des indicateurs quantitatifs et qualitatifs dans une période de 20 ans, dont le suivi
spatiotemporel de l’indice de végétation par différence normalisée (NDVI), permettant de mesurer
précisément l’évolution de la couverture végétale et d’objectiver les résultats écologiques. Les
résultats révèlent que, bien que les projets atteignent globalement leurs objectifs initiaux, plusieurs
défis subsistent, notamment l’optimisation des ressources mobilisées, la maximisation des impacts
durables et l’amélioration des retombées socio-économiques pour les bénéficiaires.
Cette approche méthodologique rigoureuse, combinant des méthodes statistiques et des indicateurs
de performance mesurables, met en lumière les forces et les faiblesses des interventions, offrant
ainsi des pistes concrètes pour renforcer la durabilité et l’efficacité des futures stratégies de lutte
contre la désertification dans les zones steppiques algériennes
Description:
L’évaluation des projets de développement steppique menés dans la wilaya de Djelfa sur la période
2005-2025 met en lumière l’importance stratégique et la portée multidimensionnelle des
interventions du HCDS dans la lutte contre la désertification et la promotion du développement
durable dans les zones steppiques. Les résultats obtenus témoignent d’une avancée significative tant
sur le plan écologique qu’économique, avec des impacts mesurables sur la restauration des parcours,
la gestion intégrée des ressources en eau, l’amélioration des conditions de vie et la résilience des
communautés rurales.
Sur le plan économique, les projets ont permis une augmentation substantielle de la production
fourragère, condition essentielle à la sécurité alimentaire du cheptel et à la stabilité du secteur
pastoral, pilier de l’économie locale. Les chiffres montrent une progression notable des Unités
Fourragères produites annuellement, favorisant la croissance de l’effectif du cheptel et la
diversification des revenus des ménages. L’amélioration des revenus, souvent doublés voire triplés
dans certaines communes, cela a contribué à réduire la vulnérabilité économique des populations et
à renforcer leur capacité à investir dans des pratiques durables.
La valorisation des ressources hydrauliques, à travers la mobilisation des eaux de surface et
souterraines, a permis d’étendre les superficies irriguées, d’assurer l’abreuvement du cheptel et de
stabiliser la productivité agricole. Les ouvrages tels que les cedis de dérivation, diguettes, mares et
forages, ont joué un rôle central dans l’amélioration de la résilience des systèmes de production face
aux aléas climatiques, notamment la sécheresse. De plus, l’électrification solaire des foyers ruraux
a contribué à l’amélioration des conditions de vie et à la fixation des populations, limitant ainsi
l’exode rural.
Du point de vue de la durabilité, l’approche intégrée adoptée par le HCDS, combinant restauration
des terres, gestion de l’eau, conservation des sols et préservation de la biodiversité, s’est avérée
pertinente et efficace. Les plantations pastorales d’espèces adaptées et la mise en défens de vastes
superficies ont permis de restaurer le couvert végétal, de favoriser la régénération naturelle et de
créer des microclimats favorables à la faune et à la flore locales. Ces actions ont également contribué
à la recharge des nappes phréatiques et à la stabilisation des sols, limitant ainsi l’érosion et l’avancée
du désert.
Cependant, certains défis subsistent, notamment la dépendance aux aléas climatiques pour la
mobilisation des eaux de surface, la nécessité d’étendre les travaux de conservation des sols à des superficies plus larges, et l’importance de mettre en place des mécanismes de maintenance et de
gestion communautaire des infrastructures pour garantir la pérennité des acquis. La diversification
économique reste également un enjeu majeur pour absorber durablement le chômage élevé et réduire
la pression sur les ressources naturelles.
En guise de recommandation, il est impératif de relancer à nouveau les projets de développement
de la steppe et de lutte contre la désertification, car ces initiatives ont cessé depuis l’année 2008.
Face à l’aggravation des impacts du changement climatique et à la dégradation continue des
ressources naturelles, il est crucial que le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
(MADRP) accorde une attention renouvelée à la steppe. La relance de ces programmes, avec des
moyens adaptés et une gouvernance renforcée, est indispensable pour préserver la durabilité des
acquis, soutenir l’économie pastorale, protéger la biodiversité et renforcer la résilience des
communautés rurales steppiques.