Abstract:
Cette étude se penche sur le phénomène de dépérissement de la forêt de Pin d'Alep dans
la forêt domaniale de Sénalba Gharbi (wilaya de Djelfa, Algérie), en se concentrant sur l'interaction
synergique entre les scolytes (Scolytinae) et les champignons associés (notamment du
genre Ophiostoma). Ces agents biotiques, conjugués au stress dû à la sécheresse récurrente et au
climat continental rigoureux, constituent un moteur essentiel de l'affaiblissement et de la mortalité
des arbres. Ce travail vise à isoler et identifier ces champignons associés aux scolytes sur différentes
parties du Pin d'Alep, et à caractériser leur biotope, afin de mieux comprendre les mécanismes
écophysiologiques sous-jacents au dépérissement. Les résultats contribuent à fournir des bases
scientifiques nécessaires pour l'élaboration de stratégies de gestion durable et de conservation de ces
écosystèmes forestiers sensibles
Description:
Ce travail de recherche a permis d'élucider les mécanismes complexes du dépérissement du
Pin d'Alep (Pinus halepensis Mill.) dans l'écosystème fragile de Sénalba Gharbi (Djelfa). Les
résultats obtenus confirment et quantifient l'existence d'une synergie pathogène tripartite où les
facteurs abiotiques et biotiques interagissent de manière séquentielle et aggravante.
La principale conclusion de cette étude est la démonstration d'un scénario causal clair :
le stress hydrique, agit comme un facteur prédisposant majeur en affaiblissant primairement les
arbres. Cet affaiblissement rend les pins vulnérables aux attaques secondaires des scolytes (Tomicus
destruens et Orthotomicus erosus). Le rôle de ces insectes ne se limite pas à une simple infestation ;
ils fonctionnent comme des vecteurs hautement efficaces pour les champignons pathogènes. La
preuve en est l'abondance des genres Ophiostoma et Leptographium dans l'écorce, et la détection
fréquente de leurs spores dans les mycangia des insectes (75% et 60% respectivement). Cette
relation symbiotique insecte-champignon, où le champignon bénéficie d'un transport et l'insecte d'un
environnement favorable (affaiblissement supplémentaire de l'hôte), est au cœur du processus de
dépérissement. Parallèlement, la dominance du genre Fusarium au niveau racinaire ouvre un
second front de stress biotique, contribuant à une attaque multi-organes qui explique la sévérité du
déclin observé.
Au-delà de la validation scientifique de ce pathosystème, cette étude fournit une base de
données quantitative essentielle pour le contexte algérien. Elle offre ainsi un cadre de référence
solide pour une gestion forestière intégrée et proactive. Une approche purement curative est
insuffisante ; il est impératif d'agir sur le facteur prédisposant en favorisant la vigueur des
peuplements (gestion de la densité, conservation de l'eau) et de mettre en place une surveillance
renforcée pour contrôler les populations de scolytes.
