الخلاصة:
Cette étude vise à évaluer l’efficacité insecticide de trois plantes locales, Artemisia campestris,
Euphorbia terracina et Euphorbia peplus, contre les stades préimaginaux (larves du 4ᵉ stade et
nymphes) du moustique Culex pipiens, considéré comme l’un des principaux vecteurs
responsables de la transmission de nombreuses maladies. Des huiles essentielles et des extraits
aqueux issus de l’armoise (A. campestris) et de deux espèces d’euphorbes (E. terracina et E.
peplus) ont été testés à trois concentrations différentes. Les résultats ont montré que les extraits
aqueux présentaient une efficacité supérieure à celle des huiles essentielles. Les DL₅₀ des huiles
essentielles chez les larves étaient de 110 μl/ml pour A. campestris et de 130 μl/ml pour E.
terracina et E. peplus. Chez les nymphes, les DL₅₀ étaient de 200 μl/ml pour A. campestris et de
100 μl/ml pour les deux euphorbes. Les extraits aqueux ont révélé une toxicité plus marquée,
avec des DL₅₀ variant entre 6 mg/ml (A. campestris), 23 mg/ml (E. terracina) et 20 mg/ml (E.
peplus) chez les larves, et respectivement 2 mg/ml, 70 mg/ml et 50 mg/ml chez les nymphes.
Ces résultats confirment qu’A. campestris est l’espèce la plus active, suivie d’E. peplus puis d’E.
terracina, mettant en évidence le rôle prometteur de ces plantes dans le développement de bio-
insecticides naturels, écologiques et adaptés à des stratégies de lutte antivectorielle durable.
الوصف:
Les moustiques représentent aujourd’hui un enjeu majeur pour la santé publique mondiale.
Leur rôle en tant que vecteurs d’agents pathogènes responsables de maladies telles que la
filariose, la fièvre jaune ou encore l’infection par le virus du Nil occidental confère à leur étude
une importance particulière. Leur forte capacité d’adaptation, leur reproduction rapide et leur
omniprésence dans les milieux terrestres comme aquatiques renforcent leur statut de menace
prioritaire. En Algérie, comme dans de nombreuses régions du monde, les Culicidés constituent
les insectes piqueurs les plus nuisibles, tant par les nuisances directes liées aux piqûres que par
les risques sanitaires associés.
La lutte contre ces vecteurs s’est historiquement appuyée sur l’usage d’insecticides
chimiques de synthèse. Bien que ces molécules aient démontré une efficacité certaine, leur
utilisation intensive soulève plusieurs problèmes : émergence de populations résistantes, effets
toxiques sur la santé humaine et animale, altération de la biodiversité et pollution durable des
écosystèmes. Ces limites incitent la communauté scientifique à explorer des alternatives plus
sûres et écologiquement responsables. Parmi celles-ci, les plantes médicinales et aromatiques
suscitent un intérêt croissant, car elles constituent des sources naturelles de métabolites
secondaires aux propriétés insecticides avérées. Ces composés, tels que les terpènes, flavonoïdes
ou alcaloïdes, sont généralement biodégradables et présentent une sélectivité intéressante vis-à-
vis des insectes cibles.
Dans ce contexte, le présent travail a été consacré à l’évaluation de l’activité larvicide et
nymphicide des huiles essentielles et des extraits aqueux de trois espèces végétales locales :
Artemisia campestris, Euphorbia peplus et Euphorbia terracina, appliqués sur les larves de
quatrième stade et les nymphes de Culex pipiens. Les résultats obtenus mettent en évidence une
efficacité différenciée selon l’espèce, la concentration et le stade de développement. Les extraits
aqueux, bien que provoquant une mortalité notable, n’ont pas atteint une efficacité totale. À
l’inverse, les huiles essentielles ont démontré une action beaucoup plus marquée, avec des taux
de mortalité atteignant 100 % aux concentrations les plus élevées après 24 heures d’exposition.
Une hiérarchie claire se dégage des tests réalisés : Artemisia campestris s’est révélée être
l’espèce la plus active, suivie par Euphorbia peplus, tandis qu’Euphorbia terracina a présenté
une efficacité plus modérée. Ces différences sont probablement liées à la composition chimique
propre à chaque plante, qui reflète la diversité des métabolites secondaires impliqués. Les terpènes (monoterpènes et sesquiterpènes) identifiés dans le genre Artemisia, ainsi que les
diterpènes et triterpènes caractéristiques des espèces d’Euphorbia, pourraient agir seuls ou en
synergie, perturbant les fonctions enzymatiques et physiologiques essentielles des moustiques.
Ces résultats sont d’autant plus encourageants qu’ils s’appuient sur des plantes locales,
largement disponibles en Algérie, ce qui confère une dimension de valorisation des ressources
naturelles endogènes. L’exploitation d’Artemisia campestris et des espèces d’Euphorbia dans la
formulation de bio-insecticides permettrait de réduire la dépendance aux produits importés, tout
en promouvant une approche de lutte antivectorielle respectueuse de l’environnement et
économiquement viable. Cette démarche s’inscrit également dans une stratégie de gestion
intégrée, où la protection de la santé publique se conjugue avec la préservation de la biodiversité
et des écosystèmes aquatiques