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L'Algérie, de par sa grande superficie, est le premier plus grand pays du continent africain. Il se caractérise par la grande diversité des situations régionales et ses potentialités naturelles et humaines. Cependant sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l'étranger le met en situation d'extrême vulnérabilité. En effet, l'agriculture algérienne, malgré l'importance du rôle qu'elle devait jouer, occupait de plus en plus une place de second ordre dans le développement économique et social. Ce rôle principal fixé dans la stratégie de développement et à travers toutes les orientations politiques depuis l'indépendance était, rappelons le, d'assurer la couverture des besoins alimentaires à partir de la production nationale, or ce rôle était loin d'être rempli en dépit des politiques agricoles adoptées qui n'avaient pas réussi à sortir ce secteur agricole de la crise.
Le développement agricole se heurte à des défis sans précédent, qui se présentent comme un déséquilibre d'une part entre les besoins de la population avec un taux de croissance très élevé (l'un des plus forts dans le monde) et d'autre part les ressources non renouvelables en sols et en eau liées à des contraintes climatiques et édaphiques.
De plus, le processus de la mondialisation et de la libéralisation des échanges qui s'imposent dans le cadre des accords mondiaux OMC ou régionaux (accords Euro-méditerranéens , accords de libre échange UE-Algérie) risquent de mettre en question l'avenir du secteur agricole notamment dans les zones fragiles comme les régions steppiques où le secteur est largement orienté vers l'élevage de petits ruminants qui est soumis à de fortes incertitudes liées aux aléas climatiques.
Pour faire face aux enjeux d'un monde en perpétuel mouvement, l'Algérie essaie de mettre en œuvre une stratégie de développement agricole prenant en compte non seulement la diversité des situations régionales mais aussi la dimension sociale et environnementale de l'agriculture dans la lutte contre la pauvreté et la gestion durable des ressources naturelles. Les pouvoirs publics ont pris conscience et ont initié de nouvelles réformes en privatisant la gestion des terres publiques, affichant désormais une volonté politique susceptible de permettre la mise en chantier d'une nouvelle politique agricole, conçue dans le cadre d'une économie de marché à dimension sociale, participative et durable. A cet effet, elle lance en 2000 le Plan National de Développement Agricole PNDA qui marque un tournant important
dans la politique algérienne visant également à améliorer la productivité agricole et la croissance par le biais d’une utilisation durable et rationnelle des ressources naturelles en responsabilisant les producteurs et en encouragent l'investissement.
L'Algérie est appelée à relever le défi en mettant les modalités d'un développement agricole à la fois performant sur le plan économique, responsable sur le plan social et respectueux de son environnement. Depuis le sommet de la terre qui s’est tenu à Rio en 1992, ces trois approches forment les trois piliers du développement durable qui constitue un incontournable élément sémantique de tout discours qui entend traiter de l'environnement et du développement notamment en agriculture devenant une préoccupation majeure vu la prise de conscience collective des problèmes liés à l'environnement. Il s'agit en quelque sorte de réconcilier l'homme avec son milieu et de le réintégrer pleinement dans l'économie nationale en d'autres termes intégrer les régions steppiques, déshéritées, à l'espace économique national même si les handicaps historiques et naturels seraient probablement longs et difficiles à surmonter.
Actuellement, les zones arides et semi-arides sont soumises à des pressions anthropozoïques importantes dont dépendent fortement les phénomènes, parfois irréversibles, de désertification et de dégradation des terres steppiques. Ces dernières années, suite à l’exploitation irrationnelle des ressources naturelles (fourragères) et à la mise en culture des terres fragiles (défrichement), ce processus s’est particulièrement accentué (BENSAID, 2006).
Parmi ces régions confrontées à ces problèmes, on trouve les zones steppiques. La wilaya de Djelfa située dans le cœur de la steppe à vocation agro-pastorale où l'élevage essentiellement ovin constitue l'activité dominante. Elle se classe au 1er rang à l'échelle nationale avec un cheptel ovin de l'ordre de 2 517 000 têtes (DSA, 2009). Cette région connaît une transformation importante depuis l'application du PNDA.
Notre travail s’inscrit dans le cadre d’une contribution à une étude de la situation agricole actuelle en essayant d'évaluer l'impact du PNDA, à travers son instrument financier Fonds national de régulation et du développement agricole (FNRDA), sur les exploitations agricoles ovines en milieu steppique dans la wilaya de Djelfa, par le biais d'un outil de diagnostic en l'occurrence la méthode IDEA ( Indicateurs de Durabilité des Exploitations
Agricoles) Cette grille d'évaluation proposée par une équipe pluridisciplinaire analyse la durabilité à travers trois échelles (agroécologique, socioterritoriale et économique). Elle a fait l'objet d'une longue démarche de tests et d'améliorations successives et elle a montré sa pertinence technique.
Le présent travail comporte deux parties :
- La première partie est consacrée à l'aspect historique des différents plans et réformes initiées depuis l'indépendance, puis à l'étude du concept de développement durable et agriculture durable et les principales méthodes d’évaluation de la durabilité.
- La deuxième partie concerne la démarche méthodologique adoptée, les groupes typologiques identifiés, la durabilité des exploitations et enfin l'analyse et l'interprétation des résultats. |
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