الخلاصة:
Dans les espaces steppiques, le pâturage des animaux domestiques joue un rôle
déterminant dans la dynamique de la diversité des espèces végétales et animales. Les relations
entre pastoralisme et entomofaune sont complexes, directes ou indirectes. Les troupeaux
contribuent à façonner et structurer l’espace assurant l’intégrité des paysages pastoraux et à
conserver et maintenir la biodiversité, favorisant certains insectes au détriment d’autres
(LUMARET, 2010).
Dans ces écosystèmes pâturés, la production fourragère est assez étroitement dépendante
de la dynamique de recyclage de la matière organique produite et de la quantité d'éléments
minéraux disponibles. Les déjections des animaux herbivores, grands ou petits, doivent être
détruites pour être recyclées, processus auquel participent activement divers organismes ;
champignons, vers, insectes, collaborent pour assurer cette fonction. Parmi les plus actifs se
trouvent les coléoptères Scarabaeoidea qui constituent un des rares grands groupes de la classe
réellement utiles à l’homme (CAMBEFORT, 1974). En effet, Yves CAMBEFORT, chercheur au
C.N.R.S et au laboratoire d'Entomologie du Muséum d'Histoires Naturelles, va de façon ironique
certes mais pas totalement burlesque, jusqu'à évoquer que sans bousier, pas d'êtres humains. Il
est maintenant bien connu que les bousiers sont très utiles dans la fertilisation des prairies
pâturées, mais leur importance pour l'espèce humaine a peut être été infiniment plus grande.
De nombreuses recherches ont été conduites dans les régions tempérées et tropicales,
ainsi qu’en témoignent les travaux de plusieurs auteurs comme WALTER 1980, C. ROUGON &
D. ROUGON 1980, 1983, CAMBEFORT 1982, DESIERE 1983, DAVIS 1989, LUMARET et al. 1992,
LUMARET & KADIRI 1995, et du rôle fondamental joué par les Scarabéidés coprophages dans la
dégradation des déjections animales. Si les communautés de coprophages sont maintenant bien
connues en France par LUMARET 1983, 1989, KADIRI et al. 1997, ERROUISSI 2003, ERROUISSI
et al. 2004, en Espagne par VERDU FARACO 1998 et LUMBRERAS VICENTE 1998, en Afrique
centrale par MORETTO 2010 et en Afrique tropicale par CAMBEFORT 1984, 1985, CAMBEFORT
& BORDAT 2003, KOUADIO KRA et al. 2010, peu de travaux leur ont été consacrées au Maroc
et en Tunisie où plusieurs sites ont été prospectés, avec la mise en évidence d'espèces-clés qui
jouent un rôle majeur à certaines périodes de l’année (JANATI et al. 1999, JANATI 2000, HALOTI
et al. 2006, ERROUISSI et al. 2009). Alors qu’en Algérie jusqu’à présent aucun travail n’a été fait
dans ce sens.
L’intérêt de poursuivre dans la steppe Algérienne, des recherches sur ces insectes repose
sur le fait qu’il s’agit d'un groupe d’espèces dont le rôle agronomique n'est pas négligeable et
qui sont de surcroît bien connues sur le plan taxonomique, grâce surtout aux travaux de KOCHER
(1953, 1958, 1969) et de BARAUD (1985, 1987), auxquels s’ajoutent les contributions
d’AGUESSE & BIGOT (1979), DEWHURST (1979), AOUINTY (1986), TAUZIN (1990),
CHAVANON (1990) ou CHAVANON & BOURAADA (1995).
Selon SAUVAGE (1963), en zone semi aride, les épisodes de sécheresse qui sont plus
longs et plus intenses qu'en région méditerranéenne française, ont des répercussions importantes
sur l’activité des insectes et la structure de leurs communautés. La vitesse de dessiccation des
déjections des animaux augmente durant les périodes sèches, ce qui conduit à la formation
rapide d’une croûte épaisse à la surface des bouses qui diminue leur pouvoir attractif et, par
conséquent, le nombre d’insectes coprophages susceptibles d’utiliser cette matière (LUMARET
1975, LUMARET & KIRK 1987, LUMARET 1989). La prise en compte du paramètre sécheresse
est essentielle pour comprendre l’organisation et l’évolution spatio-temporelle de ces
communautés de coléoptères. L’objectif de notre travail est de montrer comment, au cours d’une
même année, se structurent les communautés de coléoptères coprophages dans différentes
stations situées au milieu de la steppe, avec trois formations qui se diffèrent par leurs
caractéristiques pédologiques et floristiques.
Nous avons choisi des stations dans différents écosystèmes afin de mieux estimer les
différences et mettre en évidence les espèces responsables de la décomposition de la matière
organique des déjections d’ovins, de bovins et de caprins de nos régions. Notre étude est
composée de quatre principaux chapitres. Nous commençons par une introduction puis l’étude
du milieu qui représente le premier chapitre. Le deuxième chapitre représente le matériel et les
méthodes utilisées ensuite nous exposons nos résultats dans le troisième chapitre. Pour les
discuter dans le chapitre suivant et tenter de trouver des explications en revenant aux études déjà
réalisées ailleurs. Une conclusion terminera notre étude, elle sera suivie de la bibliographie
relevant de notre travail et des annexes.