Abstract:
L’objet de ce travail est l’étude de la composition chimique et l’activité biologique des huiles essentielles et des extraits de Deverra reboudii, plant endémique du l’Afrique du nord. Les huiles essentielles ont été obtenues par hydrodistillation en utilisant un appareil d’extraction de type Clevenger. L’analyse de ces huiles a été faite par GC/MS. L’extraction des composés actifs de la partie aérienne (tige) et souterraine (racine) a été réalisée par le Soxhlet. L’activité antimicrobienne des huiles essentielles et les extraits ont été estimés qualitativement sur 8 souches microbiennes par la technique de diffusion sur milieu solide. En parallèle, l’effet antioxydant a été évalué par deux méthodes, le piégeage de radical libre DPPH et la réduction du fer (FRAP). L’analyse chimique des huiles de la partie aérienne a révélé la présence de β-pinène (37.64%), α-pinène (31.77%), limonène (7.77%), P-cymène (6.02%) et β-myrcène(4.48%) comme composants majoritaires. L’analyse phytochimiques (Teneur en polyphénols et flavonoïdes) des extraits a révélé une composition et une répartition selon l’organe de la
plante, et le solvant utilisé. La racine présente des valeurs très importantes en flavonoïdes par
rapport à la tige. L'huile essentielle de Deverra reboudii possède une importante activité
antimicrobienne par contre les différents extraits ont montré une activité variante en allant de la résistance à la sensibilité sur l’ensemble des souches testées. L’evaluation de l’activité antioxydante de différents extraits a révélé que l’extrait méthanolique de la racine montre une activité plus importante dans le test de piégeage du radical libre DPPH ainsi que le pouvoir réducteur. Ce fort pouvoir de réduction et d’élimination des radicaux libres de l’extrait peut être lié à la teneur et la complexité en composés polyphénoliques présents et même à la synergie entre eux pour une meilleure activité biologique
Description:
Depuis l’antiquité, l’humanité a utilisé les plantes pour traiter les maladies, sans savoir
à quoi étaient dus leurs effets bénéfiques. Selon l'organisation mondiale de la santé, près de
80% des populations dépendent de la médecine traditionnelle, dont 60% en Afrique qui
utilisent plus de 4000 plantes médicinales, pour des soins de santé primaire (O.M.S, 2002).
Cependant, les inconvénients majeurs de cette utilisation traditionnelle de plantes révèlent le manque de précision des tradithérapeutes dans le diagnostic des affections et la posologie des préparations. Un aspect important de cette tradithérapie est l’ignorance totale des variations de la composition chimique des échantillons végétaux en fonction des saisons, des temps de récolte, et de conservation (BALANSARD et al, 1993). Dans cette optique, l’étude de la phytochimie fait l’objet d’intenses investigations pour aider à déterminer les constituants chimiques présents dans les plantes médicinales.
Les propriétés antimicrobiennes des plantes aromatiques et médicinales sont connues
depuis longtemps. Toutefois, il aura fallu attendre le début du 20ème siècle pour que les
scientifiques commencent à s’y intéresser (YANO et al., 2006). Cependant, en tant que
sources de médicaments, les plantes restent encore sous exploitées surtout dans le domaine de la microbiologie médicale. Ces dernières années, les scientifiques se sont inquiétés de la résistance microbienne croissante aux agents antimicrobiens due à l'utilisation aveugle d'antibiotiques commerciaux (SERVICE, 1995 ; MUKHERJEE et al., 2002). Les produits chimiques synthétiques largement utilisés contre ces micro-organismes développent malheureusement une résistance à la plupart des antibiotiques; de plus, certains antibiotiques provoquent parfois une réaction allergique et une suppression de l’immunité (KNOBLOCH et al., 1989). Face à ces nombreux obstacles, il est indispensable de rechercher de nouvelles substances antimicrobiennes efficaces et à large spectre d’action. L’une des stratégies consiste à explorer les plantes utilisées en médecine traditionnelle comme source de nouvelles molécules douées de propriétés antimicrobiennes.