Cette première phase de l'étude a permis de dresser un bilan de la situation actuelle de l’espace HPC. Les principales conclusions qui ont été dégagées peuvent être synthétisées comme suit : Des ressources naturelles limitées et exposées aux risques croissants de dégradation. L’espace Hauts Plateaux Centre a une vocation agricole et pastorale très marquée. Bien que disposant d’une diversité de milieux : hautes plaines agricoles (plaine du Hodna, plaine de Ain Oussara, etc.), vallées (vallée de Oued Touil, etc.), zones de montagne (monts du Hodna et monts des Ouled Naïl, etc.), oasis (Bou Saada, Lag-houat, etc.), zones humides (lac de Boughezoul, Chott Hodna et le Zahrez), ainsi que d’un patrimoine archéologique, historique et cultuel, offrant des potentialités touris-tiques indéniables, son territoire est composé pour l’essentiel de vastes étendues de parcours steppiques et prés-sahariens qui accueillent un cheptel considérable, lui conférant ainsi sa vocation économique fondée sur le pastoralisme. Le milieu physique des Hauts Plateaux Centre se présente cependant comme un espace sensible, exposé au processus de dégradation et de rétrécissement du cou-vert végétal pérenne ainsi qu’au phénomène de dégradation des sols et de l’avancée de la désertification. Ceci est la résultante des effets conjugués liés à plusieurs fac-teurs : - un climat contraignant marqué par des périodes de sécheresse de plus en plus longues, de fortes chaleurs estivales, une forte intensité des vents, etc. ; - des ressources en eau superficielle limitées et difficiles à exploiter en raison du régime hydrologique des oueds et de la topographie des bassins versants ; - des sols de qualité médiocre, sensibles à l’érosion et à l’encroutement cal-caire, etc.) ; - la surexploitation des parcours ; - les opérations de défrichement, etc. Une gestion de la steppe qui met en péril l’équilibre écologique et la voca-tion économique locale La situation de l’écosystème steppique est aujourd’hui plus qu’alarmante. La ri-chesse des paysages et des biotopes est soumise à des dégradations souvent à la limite de l’irréversible, la désertification gagne du terrain et la principale activité éco-nomique de la région, à savoir le pastoralisme est en plein déclin. Paradoxalement, on observe la dégradation et à l’amenuisement des parcours steppiques donnant lieu à la baisse de l’indice de la valeur fourragère, d’une part, et on assiste à une aug-mentation du cheptel et par conséquent à une augmentation de la charge animale à l’hectare, d’autre part. Les pouvoirs publics ont consenti d’importants investissements pour préserver le couvert végétal steppique, et lutter contre la désertification, à travers des actions de mise en défens et de création d’aires protégées, tout en lançant différents pro-grammes de mise en valeur et d’intensification agricole, d’aménagement pastoral, de promotion et de diversification de l’élevage, de réalisation d'infrastructures hydrau-liques, de lancement de chantiers de reboisement et de plantations fruitières. Cependant, les constats établis indiquent que ces interventions volontaristes et loca-lisées, paraissent insuffisantes au regard du processus de dégradation global qui ne cesse de s’intensifier. C’est donc la question de la gestion de la steppe et de son développement qui est ici clairement posée, car la situation actuelle préfigure un acheminement vers une rup-ture des équilibres écologiques et de l’activité économique ancestrale et basique, que représente le pastoralisme. Des déséquilibres dans l’équipement de l’espace, en dépit des efforts con-sentis par les pouvoirs publics Bien que les wilayas des Hauts Plateaux Centre aient bénéficié d’une dotation ap-préciable en matière d’infrastructures de base et des équipements socio-collectifs de proximité, ce qui a contribué à améliorer les conditions socioéconomiques des la po-pulation locale, il n’en demeure pas moins que les efforts consentis restent encore insuffisants pour asseoir un développement équitable et une économie durable. Par ailleurs, si les principales agglomérations sont relativement bien équipées en équipements sociaux (éducation, santé, etc.), les territoires ruraux connaissent une situation de sous-équipement flagrant et de sous-développement alarmant. Une armature urbaine marquée par la prééminence des chefs-lieux de wi-laya, l’insuffisance d’équipements structurants et la faiblesse des échanges entre les différents pôles de rayonnement. La structure de l’espace des Hauts-Plateaux-Centre se singularise par une occupa-tion disparate de l’espace, tant sur le plan du peuplement que sur celui des équipe-ments. Le diagnostic établi met en évidence : - une forte tendance à l’aggloméré et à la sédentarisation des nomades ; - un phénomène de polarisation de la population, des équipements et des acti-vités autours des trois chefs lieux de wilaya (Djelfa, Laghouat et Msila). Ces trois grandes villes (Djelfa : 265 833 habitants, M'sila : 139 157 habitants et Laghouat : 134 373 habitants) concentrent à elles seules 21,24% de la popu-lation totale de l’espace ; - l’émergence de 06 six pôles relais de niveau local (chefs lieu de daïra) : Bou Saada (122 727 habitants), Ain Oussara (98 107 habitants), Messaad (97 091 habitants), Aflou (93 585 habitants) Hassi Bahbah (77 001 habitants) et Sidi Aïssa (71 365 habitants), qui contrent 22,05% de la population totale ; On constate, que cette strate regroupe : une grande ville de plus de 100 000 habitants et cinq villes de taille moyenne (plus de 50 000 habitants), dont trois proches des 100 000 habitants ; - L’absence, hormis Ain el Melh, de petites villes (30 000 - 50 000 habitants), alors qu’elles représentent une taille très importante aussi bien pour l’encadrement à un niveau supérieur des espaces ruraux que pour le renfor-cement et le maillage de l’armature urbaine ; - La faiblesse du maillage de la partie Sud de l’espace HPC (wilaya de Lag-houat). Sa structure urbaine est marquée par une bipolarité des villes de Lag-houat et Aflou et l’absence de petites villes pouvant servir d’interface entre les espaces urbains et ruraux ; Par ailleurs, ce constat révèle trois aspects importants : - Les principales agglomérations, à l’exception de Messaad sont toutes situées le long des deux axes structurants que sont la RN1 et la RN45 ; - L’écart de rang et de taille entre les villes principales et le reste des agglomé-rations et centres de vie des territoires de wilayas, ce qui implique la nécessité d’impulser le développement de petites villes susceptibles de remplir correc-tement une fonction de relais, notamment au niveau des zones rurales ; - Les villes et les territoires de l’espace HPC fonctionnent indépendamment les uns des autres, ce qui fait qu’ils sont plus tournés vers l’extérieur au lieu de développer les solidarités intra HPC ; - L’espace de programmation des Hauts Plateaux n’est pas une région « natu-rellement » attractive et que sans politique volontariste forte, il y a peu de chance pour structurer le territoire et attirer de grands projets de développe-ment économique (investissements privés dans l’industrie par exemple). Des atouts à préserver et des potentialités économiques à valoriser Bien que l’espace des Hauts Plateaux Centre connaisse depuis quelques décennies un développement des activités commerciales et de service de base, ainsi qu’un dé-but de développement des activités industrielles en plus des activités gazière de Hassi R’mel, son économie repose toujours sur sa vocation ancestrale qui est le pas-toralisme, associée à des activités agricoles sur des surfaces limitées, là où l’irrigation le permet. En réponse à la forte pression exercée sur le milieu naturel, notamment sur les par-cours steppique, les pouvoirs publics ont mis en oeuvre plusieurs programmes de préservation et de réhabilitation de cette ressource par le biais des services du HCDS (Hauts commissariat du développement de la steppe dont le siège est situé à Djelfa mais disposant de représentation au niveau de toutes les wilayas steppiques), des directions de wilaya des forêts et des services agricoles. Ces programmes portent sur la mise en défens des parcours, la régénération des parcours par la plantation pastorale (dominante Atriplex), la réalisation d’ouvrages hydrauliques spécifiques à la région (Ceds de dérivation, Djoubs, mares, forages, etc.) destinés à l’abreuvement du cheptel et à l’intensification fourragère, la création de concession, etc. Ces opérations semblent connaître une certaine réussite, mais cela reste à confirmer sur le long terme. Les wilayas de cet espace, au même titre que d’autres wilayas du pays ont égale-ment bénéficié de programmes et d’aides pour améliorer et diversifier les systèmes de culture et d'élevage. Toutefois, les pratiques agricoles restent encore insuffisam-ment performantes dans l’ensemble, et sont marquées par les faibles niveaux de maîtrise des techniques agricoles, ainsi que par le manque de moyens techniques et de vulgarisation. Les activités de productions et de services tributaires de l’attractivité des HP Centre : une vocation industrielle à construire Outre les potentialités agropastorales, l’espace Hauts Plateau Centre présente d'autres potentialités avérées de développement économique et atouts, qu’il importe de mettre en valeur. Ainsi, dans le domaine industriel, il semblerait que les HP Centre n’ont pas une voca-tion industrielle reconnue ; quelques activités sont enregistrées, mais demeurent modestes. Le gisement des activités, notamment en aval de la production animale, est peu investi. De même que des possibilités d’élargissement des activités peuvent être envisagées en matière d'exploitation minière.